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Full text of "Les asiles John Bost 1892"

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lASILES JOHN BOST 




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RECONNUS PAR L»ETAT 


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COiBME £TABLISSEMEN1S DTTlLITfi PLBIJQUE 


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Le 7 septcmlire 1877 


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PARIS 


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AVX LIBHAlRrES PROTESTANTES 


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189-2 


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J 



AVIS TRES IMPORTANT 

(Ne le perdez jamais dd vue.) 

Aflrcsser tout ce qui concorne rAdministration 
des Asiles »\ M. le pasteur Ernest RAYROUX, direc- 
teur gdudral, et mettre sur Fenveloppe : 

€ Direction des Asiles » 



Adresse tdldgraphique: 
ff Asiles. — Laforce. — Dordogne. » 



Pieces 



^ fournir ^ I'appui de toute ; 
demande d'admission. i 



!•* Extrait de iiaissance; 

i° Certificat de bapteme; (i) 

3** Certificat do deux mmlocins constatant nonj 
seulement les marques d'une bonne vaccine, maisj 
donnaut encore des details precis et coraplets sur la] 
sante gencTale ou sur la maladie et les infirmltes du| 
candidal; 

4° Gonsentement des parents ou des tuteurs; 

5° Gonsentement de payer une pension annuelle 
qui varie suivant les Asiles et la position partiou- 
liere des postulants. 

Toutes ces pieces doivent etre Ugalisees. 



[i) Les Asiles ne pen vent reoevoir que des protestants. 



giS^SBBfi. 



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LES 



ASILES JOHN BOST 



A LAFORCE 



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® LES 



ASIL ES JOHN BOST 

A LAFORCE - - 

(Dordogne) 
RKCOXNUS PAR l'^TAT 

COMME ETABLISSEMENTS D'UTILITE PUBLIQUE 
l.e 7 septembre i8T7 

LA FAMILLE tVANCKLIQUE 
BETHESDA — EDEN-UEZER — SILOE 

BETUEL — LE REPOS 

LA RETRAITE — LA MISERICORDE 

LA COMPASSION 



PARIS 
AUX LIBRAIRIES PROTESTANTES 



1892 



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y ANGLETERRE ocii^ ^-^V^^ *'** 



M ^NCH E 



ALLEMAONC i 



yfeiieres,^ \.,.^ 



^,^>^ I Caen X.-.^ i. / y^ 

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S^f*^ *^ .y^ \ \ ^ Besancoii/' 



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LES ASltES DE LAFORCE 



La Famille • • • Asile pour dcs jcunos fiUes : !• orph&> 
lines ; 2° placecs dans un mauvais 
entourage ; 3° de protcstants dissA- 
mines. 



Bdthesda • • • • 

£ben-H6zer • • 
Silod. • • • • • 



Asile pour dcs jeunos Giles ; 4° inflrmef 
ou incurables ; 2° avcuglcs ou mena- 
cees de cecile ; 3° idiotcs, imbeciles ou 
faibles d'esprit. 

Asile pour des jcunos Giles epilepliques. 

Asile pour des gardens : 1° inGrmes ou 
incurables ; 2° avcuglcs ou menac6s 
de cccite ; 3® idiots ou imbeciles. 

Asile pour dcs gargons epilepliques. 

Asile pour dcs institutriccs incurables, 
des maitrcsses d'ecolc infirmes, des 
dames veuves, celibataires ou sans 
ressources. 

Asile pour dcs scrvantcs, dcs femmes 
veuves ou celibataires, inGrmes el 
sans ressources, que leur cdncatioa 
ne permet pas d'admettre au Repo8» 

La Mis6ricorde Asile ouvert a des Giles : 1° idiotet 
gdteuses, ayant perlu toule leur 
intelligence ; 2° epilepliques qui soat 
idiotes ou inGrmes. 

La Compassion Asile ouvert a des gardens : 1° idiols- 
gateux, ayant perdu toute leur intel- 
ligence ; 2° epileptiques - idiots et 
inGrmes. 



Bethel 

Le Repos • • 



La Retraite. • • 



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Conseil d' Administration 

Trdsident MM. L. Domenget, ancien magistral i 

Bcrgcrac. 

Vice-Prdsident . . . Henri Gouve, de Bordeaux. 

Secrdtaire J. Laforgue, pasteur aux Briands. 

Secrdi. honoraire, H. Lauga, pasteur k Reims. 



Assesseurs 



GusTAVE Boy, propr. a Bergerac. 
E. MoNBRUN, pasteur h Angouldme. 
E. Oberkampff, receveurdes finances 

a Alais (Gard). 
Larrousse, pasteur a Bergerac. 
Du Peyrou, propr. a Bergerac. 
Gh. de LuzE. . . ) 1^ r)^«i««„« 
D' EuG. MoNOD . ( de Bordeaux. 

J. Siegfried, du Hdvre. 
Pedkzert, professeur a Montauban. 
Le Doyen J. MoNOD,d*» d° 

J. DE Seynes, de Montpellier. 
Westphal-Gastelnau, de Montpellier. 
E. Bruneton, de Nimes. 
Laurens, tresorier piyeur general de 

la Dordogno a Perigueux. ' 
Germain, propr. a S^ Avit. 
Louis Sautter, .... 

J. GUEX 

p. MiRARAUD ..... .^ i Paris. 

G. Soulier, past3ur, , 
D"- F. Gharon-Bost . . 
Roger Hollard, pasteur,] 



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F6te Annuelle des Asiles John Bost. 



Vaut-il bien la peine de la raconter? — II y 
avait tant de monde ! — Nous avons vu, et 
reconnu, bien des figures 6trangeres k Laforce, 
Bergerac et Ste-Foy ! II en est venu, des amis 
des Asiles, de P6rigueux et de Bordeaux, de 
Lot-et-Garonne et des Deux-Sevres, de Mar- 
seille, de Paris et d'ficosse ! Mais si grand que 
fut leur nombre il en manquait beaucoup qui 
auraient voulu etre avec nous, qui Tavaient 
projet6 peut-etre; ne faut-il pas leur dire ce 
que nous avons fait a Laforce le Jeudi 23 Juin? 
Et si vous y etiez, si vous le savez, lisez quand 
xneme ! C'est une fa9on d'y revenir. 

Et d'abord, apprenez-le, ou souvenez vous- 
en, nous avons eu terriblement peur, et par 



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S LES ASILES JOHN BOST 

deux fois ! Le mercredi, de la chaleur torride 
qu'il allait faire, pensions-nous, dans le temple 
et dans la cour du nouveau Bethesda; le jeudi 
'matin, de la pluie; non pas de la voir venir,^ 
mais de la voir durer. Grace a Dieu, qui Tavait 
envoy^e, il n'en est tombe que juste ce qu'il 
fallait pour abattre la poussiere et rafraichir 
le temps; elle n'a, sans doute, empeche per- 
sonne de venir et a rendu la journde bien plus 
agreable: au lieu d'un soleil brulant dans lin 
ciel sans nuages, nous avons eu presque tout 
le jour une clarte temperee, un ciel presque 
gris; rien, reconnaissons-le, ne pouvait mieux 
aller. C'etait un temps a souhait. 

Bien avant I'heure le temple est plein.Tou- 
tes les chaises du presbytere et des environs 
prennent, peu apeu, place dans les couloirs de 
la sacristie et lorsque M. le pasteur Edouard 
Monod monte en chaire Tauditoire est com- 
pact. De sa voix pleine et profonde il lit, il 
prie, il parle. St-Paul et son histoire lui four- 





LES ASILES JOHN BOST 9 

nissent son sujet: « Ma grace te suffit, » Son 
discours simple, vivant, personnel, tour a tour 
intime et puissant, remue et releve ; on trouve 
€n lui, fortement unis, la foi du chr^tien, le 
zh\e experimente du pasteur, le charme du 
poete; cet ensemble est bon et beau. 

Le moment est venu d'inaugurer le noavel 
Asile ou les idiotes, les aveugles et les infirmes 
"de B^thesda vont prendre place vers la fin de 
r^te. La foule se dirige en causant vers cet 
-^tablissement ou 120 pensionnaires pourront 
trouver abri. On passe devant la Retraite, 
devant le Repos... on arrive. Quel immense 
espaceet quelle vue splendide! Quellespierres 
et quels batiments! La cour, plant^e d'acacias 
et de tilleuls, qui ne sont pas encore gigantes-^ 
ques, mais qui, s'il plait h, Dieu, grandiront 
promptement, est orientee vers le midi et do- 
mine la plaine ou, sous les yeux emerveill^s,^ 
s'^tendent lesmoissons dories, parsemees de 
chataigners en fleurs. Voici dans les arbres 

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lO LES ASILES JOHN BOST 

Lamonzie et St-Martin, Le Monteil, Thulieres, 
Castant, le pont du chemin de fer stir la Dor- 
dogne miroitante, Prigonrieux et sa gare ou 
siffle un train qui arrive ou qui part, et la-bas, 
dans Test, au milieu des masses vertes qu'elle 
domine, la flfeche aiguS du clocher de Bergerac^ 
Et plus loin, fermant la plaine qui se r^trecit, 
les coteaux ^lev^s, les tours et le chateau de 
Saussignac, le tertre de Montcuq, le Pe du 
Setti, Monbazillac! C'est superbe, admirable! 
John Bost avait decid^ment bien choisi cet 
emplacement ! 

Lafoule se groupe autour du perron central. 
Le president du Conseil d'Ad ministration et 
ses collegues sont 1^, devant la porte encore 
ferm6e. On ne pent entrer comme cela, sans 
rien dire aux sept ou huit cents personnes qui 
attendent et qui ecoutent. Un pasteur parle 
k Dieu d'abord dans une priere courte et 
reconnaissante ; M. Domenget, M. Rayroux, 
M. Timoth6e Bost, de Glasgow, parlent ensuite 



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LES ASILES JOHN BOST 1 1 

aux hommes; ils sont brefs. On chante un 
cantique; la porte s'ouvre; nous p^n^trons; et 
la collation prepar^e est aussitot comme enle- 
v6e d'assaut par nos visiteurs et par nos amis. 
Jusqu'^ deux heures et demie on parcourt 
Tune aprfes Tautre, du sous-sol au premier, 
les salles grandes ou petites ; on constate que 
tout a 6t6 fait en vue de la simplicity et de la 
solidite; rien n'a ^t6 n6glig6 de ce qui est 
necessaire, rien n'a ete admis de ce qui est 
superflu. Beaucoup trouvent que Tensemble 
architectural n'est pas un chef-d'oeuvre; c'est 
trop has de toiture, dit Tun; le pavilion cen- 
tral n'est pas assez haut, dit Tautre; il eut ete 
bien facile, dit un troisieme, et sans grande 
depense, d'avoir quelque chose de plus artis- 
tique; ce n'est pas beau, dit un quatrieme... 
Merci, chers amis, pour tous ces compliments ; 
ils nous vont au coeur; ils nous sont precieux; 
ils sont la preuve en meme temps que I'eloge 
de notre Economic et nous les preferons a 



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12 Lis ASILES JOHN EOST 

d'autres, qu'on ne nous aurait pas 6pargn6s 
si nous avions fait cela un pen plus beau, 
D'ailleurs, vous le savez peut-etre, tout n'est 
pas encore pay6 ; il nous faut encore trouver 
cinquante mille francs; cela vaut micux ... que 
s'il nous en fallait soixante! 

Revenons au temple, s'il vous plait. La 
cloche nous appelle. Entrons. Qu'est-ce, la, 
devant la porte? Que font ces deux jeunes 
filles, modestes et charmantes? EUes vendent, 
semble-t-il, des Albums ? — Precisement. Des 
Albums, ou douze vues photographiques re- 
presentent les divers Asiles. II y en a parmi 
elles de ravissantes. Tout ceil un peu artiste 
admire, en particulier, «La Retraite » et son 
escalier rustique qui serpente dans le gazon 
au milieu des arbustes, sous un chene superbe* 
AUons, emportons ce souvenir et prenons vite 
nos places, s'il en reste. 

M. Timothee Bost, frere dejohn Bost, est 
venu d'ficosse pour presider cette stance. II 



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LES ASILES JOHN BOST 1 3 

a le type bien connu de la famille, Taccent un 
peu anglais ; il rappelle des souvenirs et for- 
mule des esp6rances; il est court. M. Rayroux 
lit ensuite son rapport annuel; il a encore 
trouv^ un autre genre et se fait religieusement 
€couter. C'est, bien sur, encore mieux que les 
ann^es pr6c6dentes. Tous les ans c'est mieux, 
de Tavis de tous. Ne pouvant inventer le gen- 
re, puisque c'6tait fait, il Ta perfectionne. 

Le docteur Rolland donne apres lui, des 
details tres interessants sur diverses parties. 
de son service. M. fidouard Monod prononce 
une petite allocution bien sentie et M. Soulier^ 
pasteur k Paris, en une causerie simple et 
spirituelle, nous fait a la fois du plaisir et du 
bien. II se tait qu'on I'ecoute encore. — Un 
dernier chant et c'est fini. La foule s'ecoule et 
se disperse. On part. A Tan prochain, s'il plait 
h Dieu, 

J.L. 



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14 LES ASILES JOHN HOST 

Discours de M. Timothee BOST 
de Glasgow, 

President de la f6te. 



Chers amis, 

Vous 6tes accoutumes a voir a la place que 
j'occupe maintenantj des personnages distin- 
gues par des talents et des qualites que mal- 
heureusement je ne possede pas : mais undes 
traits les plus frappants des Asiles de Laforce, 
c'est ramplitude de la base sur laquelle ils re- 
posent : ils attirent la sympathie, ils reclament 
et ils obtiennent le concours de personnes de 
toutes les nationalites, de tous les degr6s de 
I'^chelle sociale : les plus fameux talents, les 
plus faibles intelligences ; les riches, les pan- 
ares, les forts, les faibles, tout le monde peutet 



A 



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LES ASILES JOHN BOST 15 

tout le monde desire apporter sa petite pierre k 
TEdifice. Cost sous Pimpression do ces senti- 
ments que j'acceptai presque sans hesitation 
Tinvitation qui me fut faite ily a quelque temps 
par le Comit6 des Asiles de venirpr6sidercette 
ann6e la Reunion annuelle k laquelle nous 
avons le plaisir d'assister aujourd'hui. 

Je consid6rai cet honneur comme un horn- 
mage rendu au nom honor6 que je porte, k mes 
relations avec le Fondateur des Asiles, et en 
mgme temps aux nombreux amis en Ecosse, le 
pays que j'habite, qui presque depuis leur fon- 
dation ont pris un int6ret si vif aux oeuvres de 
Laforce. 

C*est done muni de cette double recomman- 
dation que j'ose me presenter devant vous, et 
occuper quelques minutes d'une journ6e dont 
chaque instant est pr6cieux. 

Je crois que je manquerais mon but, et que je 
inanquerais k mon devoir, si je ne commen9aia 
par attirer votre attention sur une 6poque 61oi- 



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1 6 LES ASILES JOHN BOST 

gn^e de plus d'un demi siecle, ou il n'y avait en- 
core aucun vestige des Asiles qui nous entou- 
rent. Mon esprit se reporte sur une petite 
maison aux environs de Genfeve, klaquellese 
rattache un des souvenirs de mon enfance. Je 
me vois encore faisant partie d'un groupe qui 
entoure etadmire un grand, mince jeune homme 
qui etait venu se presenter a sa famille, revetu 
de Tuniforme de la Cavalerie Genevoise ; on 
^tait alors en 1838 : Tair etait plein de guerre, 
<DU du moins de rumeurs de guerre entre la 
Suisse et la France. Dans une famille de 10 fils, 
c'est le seul qui ait jamais porte les armes. Qui 
icut pu prevoir alors que ce jeune homme, assez 
leger, et vou6 a une carriere artistique, devien- 
•drait, quelques annees plus tard, conduit par la 
Providence de Dieu, le John Bost dont le nom 
^st porte par des Asiles connus de presque tout 
le monde chretien, mais que lui d^signait tou- 
jours Fun apres Tautre par des noms qui indu 
quaient Celui en qui il avait place toute sa 




uigrtizea oy vjv^v^ 



LES ASILES JOHN BOST 17 

confiance et auquel il voulait rendre toute la 
gloire ? 

Etsije rappelle maintenant que c'est par son 
instrumentalite que Dieu a fait surgir tous ces 
beaux monuments de la philanthropie chr6- 
tienne, c'est pour faire ressortir le fait que sans 
le concours plus humble mais aussi vigoureux 
des habitants d'un petit village presque incon- 
nu alors dans le Midi de la France, il n'aurait 
pu mettre ses projets a execution. Combien de 
fois n'a-t-il pas stimule la liberalite des Chre- 
tiens en France et k PEtranger, en leur faisant 
le recit des. sacrifices que s'imposaient ses 
paroissiens de Laforce; leurs larges contribu- 
tions en argent, en materiaux, en labeurs de 
jour et de nuit : et cela meme sans etre soute- 
nus par I'entrain d'un succes deja assure. Que 
sont-ils devenus, ces chers amis qui secondaient 
ainsi si valeureusement leur jeune Pasteur? La 
plupart sent partis pour un monde meilleur, 
mais il en reste cependant encore plusieurs 



1 8 LES ASILES JOHN BOST 

parmi vous. Si nous etions tous membres d'une 
Soci6t6 d'admiration mutuelle, ce serait bieiv 
Toccasion de faire parade de leurs noms; nous 
devons nous contenter de leur offrir Phommage 
de notre profonde reconnaissance pour tout le 
bien qu'ils firentdans le temps, et pourl'impul- 
sion qu'ils donnerent k une oeuvre qui depuis- 
lors apris une telle extension. 

J'ai dit que j'etais ici aujourd'hui au nom des 
amis Ecossais qui ont beaucoup contribuS au 
succes des Asiles : si le temps I'avait permisy 
j'aurais beaucoup desir^ vous donner des de- 
tails qui n'auraient pu manquer d'etre du plus 
haut interet pour vous sur cette partie impor- 
tante de la vie de M. Bost qu'il passait en 
voyages de coUecte. Vous savez tous qu'iF 
parcourait frequemment, et avec un zfele infa- 
tigable, presque toute la France, la Suisse, la 
HoUande, PAngleterre, I'Ecosse : mais il ne 
vous a pas 6t6 donn6 k tous comme k moide 
voir avec quelle 6nergie d6vorante il poursui- 



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LES ASILES JOHN BOST 1 9 

^ait une tache que chaque annee rendait de 
plus en plus penible. II mettaitau triste metier 
<Je queteur, un enthousiasme qui procedait de 
la foi et de Tamour qui remplissaient son coeur, 
et qu'il reussissait a faire p6n6trer dans le 
coeur de ses auditeurs : je vous en donnerai 
^eulement un exemple. 

II nous arriva un matin a Glasgow : c'etait je 
crois en 1847 ou 48; il venait commencer une 
quete de maison en maison, d'eglise en eglise, 
qui devait bien prendre environ 3 semaines 
d'un temps pr6cieux. Aprfes quelques visites, 
il vint I'apres-midi nous dire qu'il avaitet^ invito 
a passer la nuit chez des amis qui demeuraient 
a la campagne : il en revint le lendemain matin 
tout radieux, et repartit le meme soir pour 
Laforce. II avait si bien ditson histoire, et son 
histoire etait si touchante, que ces amis lui 
avaient dit de rentrer de suite chez lui, et quails 
se chargeaient de tout ce qui manquait alors 
pour achever la construction de la Famille, du 



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20 LES ASILES JOHN BOST 

Temple, du Presbytfere et de I'Ecole des- 
gar9ons. — Mais ce que je tiens le plus a dire, 
c'est que dans ces voyages, les benefices n'e-^ 
taient pas tous d'un seul c6t6 : les fr^quentes- 
visites de M. John Bost en Ecosse ont eu des- 
r^sultats dont TEternit^ seule pent mesurer 
les consequences. De part et d'autre, il y eut 
un echange de sentiments qui vivifia d'une 
maniere extraordinaire les rapports entre les 
Chretiens des deux pays. D'un cote il y avait 
des coeurs Chretiens remplis du desir de faire- 
quelque chose pour le service de leur Maitre ;. 
de Tautre il y avait un jeune Pasteur, appor- 
tant dans Taustere Ecosse une piete brillante, 
active, joyeuse. Ce descendant des Huguenots 
rajeunissait pour ainsidire cesanciens Presby- 
t^riens Ecossais, et quand, sur ses pressantes 
soUicitations, k diverses reprises, des amis 
d'Edimbourg, de Glasgow, de Dundee vinrent 
assister a vos Synodes ou a vos fetes, ils ren- 
traient chez eux emerveilles de la vie chr6tienna^ 




LES ASILES JOHN BOST 21 

qu'ils avaient trouv^e dans cette France qui 
passait alors pour etre presque ensevelie sous 
le Catholicisme. 

Notre but principal en nous r^unissant ici 
d'annee en ann^e, est de nous encourager et de 
nous fortifier les uns les autres. Reunis comme 
nous le sommes aujourd'hui par une commune 
sympathie, il est bon de nous rappeler que 
nous sommes n^anmoins divis^s en deux ban- 
des distinctes : il y a d'une part, les Visiteurs 
pour qui c'est une vraie fete que cette visite 
dans ce charmant pays, a une epoque outout 
est combine pour rendre notre visite agreable 
et interessante ; puis, de Tautre c6t6,il y ales 
Residents que notre depart va de nouveau 
laisser, et pour une autre annee, dans ces 
Asiles de misfere : et si nous, les visiteurs, som* 
mes obliges de sentir et de proclamer haute- 
ment que c'est admirable de voir ces vies de 
devouement chretien, si nous pouvons esperer 
que notre visite laissera chez ces amis une 



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22 LES ASILES JOHN BOST 

impression heureuse qui les soutiendra meme 
longtemps apres notre depart, nous devons 
bien nous rappeler que ce n'est pas seulement 
un jour par an, mais tous les jours de I'annee, 
que nous devons les soutenir par nos prieres, 
par nos sympathies et par les oflFrandes que 
nous pourrons faire ou obtenir de nos amis. 



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W\ V «."' "-^ 



RAPPORT 

SUR LES 



ASILES JOHN BOST 



A liAFORCE 



Du !•' Mai 1891 au 30 Avril i892. 



Chers Bienfaiteurs, 

En Mars 1885, je me trouvais en Suisse^ 
dans le canton de Neuchatel faisant ma tourn^e 
annuelle de conferences et de collectes. 

Je ne reediterai pas ici les litanies ordinaires 
des collecteurs et des collectes. Certainement 
il serait preferable que toutes les oeuvrea 



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24 LES ASILES JOHN BOST 

chr6tiennes d'evang61isation et de charity 
n'eussent pas a se preoccuper des collectes; 
que les ressources necessaires leur fussent 
assur^es et envoy^es directement et en quan- 
tite suffisante pour releguer au rang de mythe 
le mot abominable de deficit. Ainsi seraient 
supprimes les coUecteurs et les collectes; il 
n'y aurait plus que des donateurs spontanes. 
Ce serait Tid^al, ce serait Textraordinaire 
devenu ordinaire. Nous n'en sommes pas en- 
core la, mais pourquoi n'y arriverions-nous 
point? L'esperance ici est permise et nous 
nous la permettons, attendant avec patience le 
jour ou elle sera realite. 

Collecteur par necessity, je ne me plaindrai 
pas cependant de cette obligation; elle m'est 
douce au contraire ; y renoncer me serait un 
sacrifice. Quel privilege, en effet, de sortir 
d'un milieu toujours embrume par la souffrance 
et,de prendre le contact avec ces Chretiens de 
divers pays et d'Eglises diverses dont beau- 

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LES ASILES JOHN BOST 2$ 

coup savent donner avec leur argent quelque 
chose de leur coeur! Un encouragement des 
plus precieux dans mon office de collecteur 
me vient de la Suisse, en Mars 1885, comme 
je le disais en commen9ant. 

Au lendemain d'une conference je re9us 
une carte sur laquelle une plume d'artiste 
avait finement dessine quatre legeres hiron- 
delles, Toiseau voyageur par excellence, toutes 
quatre semblant descendre du ciel et a3^ant au 
bout de leur bee une banderoUe ou sont ecrits 
ces mots: « Courage, Force, Paix, Joie. » 
Cette carte m'accompagne par-tout. Ce souhait 
d'un coeur chretien je le partage avec vous 
aujourd'hui. Oui, courage, force, paix, joie a 
vous tous. Cela est un don de Dieu, necessaire 
k chacun, quelle que soit sa situation, et a 
notre portee si nous n'avions meme de foi que 
la grosseur d'un grain de moutarde. C'est 
Jesus qui Ta dit. « Seigneur! augmente-nous 
la foi ! » 



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26 LES ASILES JOHN BOST 



L'ann^e dont nous avons k vous rendre 
compte est s6rieuse, plus encore que les prec6- 
dentes. En sus des misferes et des maladies 
ordinaires, nous avons eu Tinfluenza dont on 
ne rit plus et pour cause. Personnel et pen- 
sionnaires ont largement pay6 leur tribut h 
ce fleau. Nous avons eu en eflfet 306 cas d'in- 
fluenza dans nos asiles dont 12 suivis de d^ces. 
La moyenne de la mortalite s'est ainsi beau- 
coup augmentee comme le temoigne le tableau 
annexe. 

Ce n'est pas tout. II y a un an j'avais lajoie 
en vous presentant le personnel dirigeant, en 
vous detaillant ses etats de services, de vous 
dire que les ouvriers de la premiere heure, 
choisis et formes par John Bost lui-meme 
^taient encore a leur poste, toujours vaillants 
et dispos. Helas! en Juillet dernier notre amie 
Madame Sicard, direc trice de Bethesda depuis 



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LES ASILES JOHN BOST 2^ 

35 ans, 6tait frappee d'une congestion cer6- 
brale. Sans souffrance elle se trouva tout-i- 
coup paralysee du cote droit. Graces a Dieu, 
elle a recouvr^ Tusage de ses membres, mais 
elle a compris que cet avertissement, venu 
d'en Haut, etait un ordre et elle a donne sa 
dismission. Nous Tavons acceptee avec tristesse> 
et lui avons accorde une pension en recon- 
naissance de ses longs et pr^cieux services. 
Elle vit maintenant a Bergerac, au milieu de 
ses enfants et petits-enfants, mais son coeur 
est ici. Elle revient de temps a autre a son 
Bethesda et nous avons la joie de Tavoir au 
milieu de nous en ce jour. Le Seigneur qui Ta 
soutenue aux jours de sa grande activite est 
avec elle dans cette p^riode de repos n^ces- 
saire. M^^^ filise Bourgougnon, directrice de 
la Famille, a passe une mauvaise annee au 
point de vue de la sante. Ses forces ne repon- 
dent plus a ses desirs et aux exigences de sa 
tiche. Elle le sent vivement et elle veut elle 



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28 LES ASILES JOHN BOST 

aussi, remettre en d'autres mains le gouver- 
nement d'une maison ou elle a v6cu et travailI6 
sans relache, pendant 43 ans. Elle a eu le 
chagrin dont nous avons bien pris notre part, 
de perdre M^^^ Julie Chataigne qui etait son 
bras droit; ancienne eleve de la Famille elle 
y 6tait revenue comme maitresse de couture. 
M^ie Julie est morte en paix apres trois mois 
de penibles souifrances. 

Madame et Monsieur Monthus directeurs de 
Bethel et de la Compassion sont aussi fatigues 
par Page et la maladie. 

Vous le constatez avec nous: nos horizons 
terrestres s'assombrissent. Le soir de la vie a 
sa melancolie et aussi son esperance. Nous 
souhaitons pour ces amis que Tesperance do- 
mine la melancolie et nous leur donnons ici le 
temoignage de notre sympathie la plus vive. 
C'est peu, sans doute, mais si le Seigneur 
donne le reste, c'est plus qu'assez, c'est tout. 

Ces eventualites dressees devant nous, nous 



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LES ASILES JOHN BOST 



29 



imposent des devoirs nouveaux. Vous avez le 
droit d'etre mis au courant de nos projets et 
nous aliens vous les exposer si possible de 
fa9on brfeve et claire. 

Parlons d'abord de la Famille. Get asile 
renferme actuellement 84 jeunes filles ainsi 
reparties selon leur age : 

4 ans 2 pensionnaires 



5 
6 

7 
8 

9 
10 
II 
12 
13 
14 
15 
16 

17 



I 
I 
5 
3 
6 
6 
4 

14 
7 

12 
6 

5 
6 



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30 LES ASILES JOHN BOST 

i8 » 4 » 

19 » I > 

Plus une pensionnaire de 29 ans dont la 
place serait plutot a Bethesda, car son intelli- 
gence s'affaiblit de faQon singuliere. 

Nous pouvons prevoir que 16 de nos enfants^ 
celles qui ont atteint ou d^passe seize anSy 
rentreront dans leurs families ou seront pla- 
cees en condition d'ici un an. Celles de 12 k 
1 5 ans au nombre de 39 sont capables d'aider 
au travail du menage. Bien plus nous desire- 
rions que la partie materielle retombat tout 
entiere, si possible, sur ces enfants. Nous 
avons soumis cette idee, a diverses fois, a la 
Directrice dc la Famille, puis au Conseil. Le 
temps est venu de passer des paroles aux actes, 
non brusquement mais peu a peu; d'avoir une 
orientation nouvelle qui satisferait tout ensem- 
ble nos bienfaiteurs et nous-memes. Notre 
but serait d'arriver a supprimer la cuisiniere 
et ensuite toutes les femmes, sauf une, qui 



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LES ASILES JOHN BOST 3 1 

^iennent chaque semaine faire la lessive. Ces 
reformes auxquelles nous songeons ont 6te 
<adopt6es et appliqu^es avec succes dans divers 
^tablissements que nous avons visiles, en par- 
ticulier dans les orphelinats de jeunes filles de 
Sedan et de Montauban. 

Qu'on n'infere pas, cependant par ce qui 
precede, que nos enfants de la Famille soient 
tout k fait etrangeres k ces rudes travaux, 
nous voulons simplement qu'elles y prennent 
une part plus large et plus cfifective. Ce sera 
•difficile. Le fait d'avoir une serieuse propor- 
tion de fillettes de 4 a ii ans, trop jeunes, 
reclamant des services au lieu d'en rendre, 
diminue d'autant ce que nous pourrions exiger 
des grandes car elles se doivent aux petites 
qu'on leur confie pour les soigner et.ietre ce 
qu'elles appellent elles-memes « leurs petites 
mamans. » Ce sera difficile, non pas impossible, 
car nous savons qu'ici comme ailleurs nous 
pouvons compter sur le devouement de nos 



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r^ 



"^ 






I 



32 LES ASILES JOHN BOST 'j f 

maitresses de la Famille. 'Du reste, que per-^ 
Sonne ne prenne peur, nous rep^tons que nous 
avancerons dans nos reformes avec prudence; 
ici surtoutj aller lentement sera aller surement. 
Somme toute, il ya quelque chose a faire^ 
Taccord sur ce point est unanime et nous 
avons k coeur de faire ce quelque chose. II 
nous est revenu de divers cotes quelques criti- 
ques sur I'organisation de cet asile. Les unes 
sont justes, les autres le paraissent et ne le 
sont pas. En tous cas, chers bienfaiteurs, nous 
ne sommes ni sourds, ni aveugles, et, vous le 
savez maintenant, nous avons le desir d'ame- 
liorer. Ce sera, a la tache actuelle du personnel, 
ajouter un surcroit pesant. La bonne volonte, 
en ce qui le concerne, ne pent etre mise en 
doute.Trouvera-t-on, cheznos enfants,cememe 
empressement ? La question peut se poser. 
Nous avons le regret de dire que Tannee pre- 
sente a 6te rendue encore plus penible que les 
precedentes par le mauvais esprit qui anime 



yGoog 



LES ASILES JOHN BOTS 35 

un certain nombre de nos jeunes filles. Certes, 
il en est qui nous rejouissent par leurs efforts, 
leur travail, leur zele. II en est d'autres, au 
contraire, qui nous preoccupent etrangement. 
II y a, en elles; des instincts de paresse, de 
l^gerete, d'obstination rebelle a toute obser- 
vation. II y a le contre-coup de ce mauvais 
example sur les petites. Voila quelques-unes 
de nos difficultes. On les ignore et on ne se 
doute pas de la complexite de la tache vis-a-vis' 
d'enfants venus souvent de milieux peu recom- 
mandables. 

Nous poursuivrons Toeuvre avec courage, 
car le Seigneur connait tout, et avec esperance, 
car apres leur sortie de Tasile bien des ensei- 
gnements peuvent revenir a la surface qui 
paraissaient avoir sombre. II y aura en efifet 
pour nos jeunes filles, apres Peducation mater- 
nelle de la Famille si indulgente, meme quand 
il faut s^vir, les le9on3 ameres de la vie, les 
deceptions, les desillusions, les epreuves, et 



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34 LES ASILES JOHN HOST 

aucune d'elles n'y 6chappera. C'est par la que 
Dieu force les coeurs lagers et presomptueux 
a ecouter, k refl^chir, k se repentir. « C'est 
pourquoi, commeditrapotre Saint-Paul, nous 
ne perdons pas courage. » La bonne semence, 
ici largement r^pandue levera plus tard et 
donnera sa moisson de conversions et de vies 
renouvelees. 

A cote des critiques, n'oublions pas les 
encouragements que nous avons re9us. Plu- 
sieurs de nos anciennes eleves nous tiennent 
au courant de leurs petites affaires et nous 
sommes jaloux de ne pas laisser rompre, par 
notre faute, ce lien d'aifectibn et de confiance 
bien solide quoiqu'il ne tienne qu'a une plume. 

A Bethesda. nous avons 88 pensionnaires, 
savoir: 

de 10 k 20 ans 28 

« 20 » 30 > 24 

« 40 > 50 » II 



LES ASILES JOHN BOST 3S 

« 5o » 60 » 5 

« 60 » 70 » 6 

C'est moins le melange des intelligentes et 
des idiotes que la difference des ages et des 
caracteres qui rend difficile la conduite de 
cette maison. Et cette remarque s'applique k 
Uasile de Siloe qui est le similaire de Bethesda. 
II ne s'agit pas ici, comme pour la Famille 
d'un programme definl d'etudes et de travail. 
Les intelligentes de Bethesda sont infirmes ou 
malades et, avec elles, il faut en consequence 
se plier k toutes les sortes d'indulgences. hes 
idiotes comprennent seulement ce qui est 
rudimentaire, il faut done que Tesprit des 
maitresses et des surveillanles soit fertile en 
ressources pour obtenir le peu qu'on exige. 
La premiere chose est d'etudier soigneusement 
les dispositions de Tenfant jeune ou vieux, car 
le simple d'esprit reste enfant toute sa vie, et 
d'appuyer sur le ressort propice. Une de nos* 
enfants se laisse-t-elle aller a la colere, pousse- 



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36 LES ASILES JOHN BOST 

t-elle des cris de paon, capables d'assourdir 
un entendant ou de rendre Touie k un sourd? 
Soyez calme, souriant; approchez de cette 
furie et dites-Iui: « Est-ce bien toi qui es si 
laide, quand tu es si jolie alors que tu es sage ? 
Sa colere s*en ira en fum^e. — Faut-il encou- 
rager celle qui doit cirer les souliers et se 
refuse, par caprice a cette besogne? Dites-lui 
aimablement: « Vrai, c'est dommage, il n'y a 
que toi seule qui sache cirer les souliers 
comme une artiste. » EUe reprendra ses brosses 
et fcra vite et bien son travail. Menacez-les, 
elles se buteront dans une obstination de 
mulct, elles vous inonderont d'un deluge d'e- 
pithetes salees. Les gros travaux de la maison, 
le tricotage les occupent aussi tour a tour. La 
musique a de Tattrait pour elles et elles arri- 
vent a apprendre et a chanter quelques canti- 
ques et des chants d'ecole. Elles y mettent 
leur coeur et nous nous plaisons a les ^couter. 
Elles aiment toujours assister au culte public 



1 



^^iV 



LES ASILES JOHN BOST 37 

du Dimanche et, chose extraordinaire, quel- 
ques-unes ecoutent et comprennent plus qu'on 
jie le pense. 

Une fois M. le Professeur Jean Monod pre- 
chait au service du matin, sur la Passion et 
montrait Jesus recevant sans se plaindre tous 
les outrages; on lui crachait au visage, il ne le 
rendait point. L'apres-midi deux de nos idio- 
tes se prirent de pique et Tune crachant au 
visage de Tautre, lui cria aussitot: Tu sais, toi 
pas rendre a moi, Jesus a pas rendu. » Elle 
avait done ecoute; elle avait compris, mais 
elle pratiquait a rebours... si elle n'etait que 
la seule! 

Une autre fois, apres une exhortation sur la 
douceur, sur la patience, sur le devoir de ne 
pas se mettre en colere, une de nos idiotes 
entra en fureur et une de ses compagnes de lui 
dire: « Toi colere, toi pas ecoute sermon ce 
jnatin, sottctoi! » Celle-ci aussi avait ecoute 
^t son application etait juste. 




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r 



3S LES ASILES JOHN BOST 

Je n'ai rien dit de nos intelligentes. Je me 
bornerai a vous parler d'une seule, h^las! elle 
n'est plus avec nous. Elle est une de celles 
qui moururent en novembre dernier, des suites 
de rinfluenza. Nous Tappelions S^raphie. Elle 
6tait rentree a Bethesda le 6 Decembre 1888, 
elle avait seize ans. Son corps ^tait chetif.elle 
etait paralysee des jambes, mais sa figure 
rayonnait d'intelligence, de finesse et de 
bonte, il y avait une douce flamme dans ses 
grands yeux noirs. Au bout d^un certain temps, 
elle recouvra Tusage de ses jambes et elle 
pouvait venir, a pied, sans trop de peine, au 
Temple des Asiles. Combien elle fut joy ease 
lorsqu'elle sentit ses membres se detendre, et 
qu'elle put risquer, au milieu de nous, ses- 
premiers pas. Jamais je n'oublierai cette scene. 
C'est au moment on nous etions pleins d'espe- 
ranee pour elle, alors qu'elle entrevoyait elle- 
meme Tepoque ou elle pourrait.rentrer dans 
sa famille, qu'elle fut saisie par la maladie et 



3y VZ!5^P<P"Pt*"»-'^ 



LES ASILES JOHN BOST 39 

terrass6e par la mort. En ouvrant son tiroir 
nous avons trouv6 une feuille de papier oil 
elle avait transcrit ses sentiments. Je copie 
textuellement cette page, qui 6crite, avant 
que rien eut pu faire pr^sager k S^raphie sa 
fin prochaine, se trouve comme son testament 
spirituel. S'il fallait donner un titre a ce mor- 
ceau, c'est celui « d'fil^vation k Dieu » qui lui 
conviendrait: 

« Mon Dieu, 

« Je viens a toi pour avoir la vie. Je t'apporte 

€ tout mon coeur tel qu'il est, avec toutes mes 

4: inquietudes, mon orgueil, mon egoisme, ma 

4i m^chancete, mes taquineries. Mon Dieu! je 

« te demande pardon puisque tu as donn6 ton 

« Fils bien-aime pour moi; il a souffert Tago- 

« nie, rignominie et c'est pour moi. Oh! 

« donne-moi, mon Dieu, d'avoir toujours de 

4c vant mes yeux la croix de ton Fils et fais 

« qu'en portant les yeux sur cette croix, je 

« puisse rentrer en moi-meme et dire que 



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4Q LES ASILES JOHN BOSX 

€ c'est pour moi. Oh! mon Dieu, parle a ma 
« conscience, fais que pdnetr^e dema misere, 
€ je puisse m'humilier sous ta puissante main, 
« Frappe-moi, eprouve ton enfant, afin que je 
!c me sente aimee par un Pere qui veut amener 
€ son enfant a Jesus, pour heriter de cette 
€ paix que toi seul tu donnes. Que ton amour 
€ soit dans mon coeur et que ces quelques 
« lignes, qui sont le sentiment de mon coeur, 
« soient relues et point oubliees et que, par ta 
« grace, mon Dieu! cette promesse, je puisse 
« la tenir pour Tamour de J^sus ! » 
. Qu'ajouter a cela? Les reflexions et Temo- 
tion de mon coeur, vous les faites et la ressen- 
tez, n'est-il pas vrai, aumeme degre? 

Nous n'avons pas encore remplace Madame 
Sicard comme directrice. Le Conseil s'est 
borne a nommer sous-directrice de Bethesda 
Mile Pauline M^janelle qui depuis huit ans 
nous a donne, dans cet asile, des preuves de 
son devouement et de sa capacite. Elle est 




LES ASILES JOHN BOST 41 

secondee par M^ies Elisa Barthe et Laffargue et 
aussi par Laure Lassieur et Coralie Walther 
-deux de nos pensionnaires qui nous aident, 
Tune pour la couture, Tautre dans notre ecole 
infantine. Je constate le bon accord et le bon 
€sprit du personnel tout entier et nous appre- 
hendons moins le transfert de nos pension- 
naires k la maison neuve inauguree ce matin 
et que nous ferons, Dieu voulant, vers la fin 
de Septembre. 

Enfin nous voici arrives presque au bout 
de la reconstruction du nouveau B6thesda. En 
feuilletant un de mes carnets je retrouve ceci, 
a la date du 15 Juillet 1888: « Desiderata — 
B6thesda. — Le d^molir et le reconstruire. > 
II n'est pas d^moli, mais il est reconstruit sur 
un autre emplacement vraiment d^licieux. II a 
fallu quatre ann^es pour r^aliser ce vceu. Tous 
ceux de nos amis, qui ont pu visiter I'ancien 
B^thesda ou qui ont lu les rapports pr^c6- 
dents, ont compris la necessite de sa r^edifi- 



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42 LES ASILES JOHN BOST 

cation, malgr6 la grande d^pense que cela 
entrainait. Aujourd'hui, la nouvelle maison 
vous a ouvert ses portes.Tout n'estpas encore 
au point. N6anmoins vous avez pu constater 
que si Texterieur n'a rien d'artistique, Pinte- 
rieur par contre repond bien au but que nous 
nous etions propose. La situation de cat 
immeuble, je le repete, est ravissante et nos 
enfants et nos vieillards, nos infirmes et nos 
malades y seront dans les conditions les 
meilleures et les plus favorables au point de 
vue hygienique. 

Au 30 Avril dernier les dons re9us pour 
cette reconstruction s'elevaient a 153.307 ft- 
aujourd'hui 23 Juin ils montent ^ 1 56.000 fr- 
II s'en faut encore de 50.000 fr. pour que tout 
soit paye. Dieu nous permettra de fermer ce 
decouvert au temps convenable. (*) Nous. 



D Ceci etait lu 1« 23 Juin — Le 8 Juillet nous avons recu avi* 
que le sonvcrnemcnt venait daUouer SO.OUO U: pour rachovcment 
«e notre Bethesda. 



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LES ASILES JOHN BOST 43 

comptons sur Lui et sur vous, amis de nos 
asiles. Des maintenant nous nous 6crions avec 
le Psalmiste: « Mon ^me, b^nis rEternel! Que 
tout ce qui est en moi b^nisse son saint nom ! 
Mon ame, b^nis PEternel et n'oublie aucun de 
ses bienfaits ! » 



• Les asiles de gar9ons comptent 169 pen- 
sionnaires, soit 84 k Silo6 et 85 a Bethel et k 
la Compassion. 

Voici le tableau de Siloe, pour les ages 
divers : 

5 pensionnairea 
18 » 

23 » 

15 > 

13 > 

7 > 

3 > 



de 6 


k 


10 ans 


^ 10 


» 


20 » 


^ 20 


» 


30 » 


y> 30 


» 


40 » 


» 40 


» 


50. » 


^ 50 


» 


60 » 


» 60 


> 


70 . 



iTi^^Dy'Googte 



44 I-ES ASILES JOHN BOST 

Pour B6thel et la Compassion: 
de 



5 


k 


10 ans 


7 pensionnaires 


lO 


» 


20 » 


19 


20 


> 


30 » 


20 » 


30 


» 


40 > 


21 > 


40 


» 


50 > 


10 » 


50 


» 


60 » 


4 » 


60 


» 


70 » • 


3 



Je pourrais faire plusieurs remarques iden- 
tiques k celles que j'ai dej^ exposees, relati- 
vement au gouvernement de ces maisons^ 
rendu difficile par la difference des ages et des 
carac teres. Je passe outre. 

Les ateliers ou se confectionnent les sacs 
^n papier continuent k travailler toute Fannie, 
Ce travail est done tout k fait entr6 dans nos 
moeurs. II occupe et r6cr6e tout a la fois. Nos 
comptes arrStes au 31 Decembre 1891, 6ta* 
blissent qu'en deux ans, ce§ ateliers, avec un 
contingent de 30 ouvriers, ont r6alis6 un 
benefice de Si fr. et, sans ironie, nous nous 



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LES ASILES JOHN BOST 4S 

d^clarons .satisfaits. Si le benefice materiel 
est nul, on ne pent en dire autant du benefice 
moral. Cependant, nous nous eflforcerons 
d*aller de bien en mieux, car ce n'est pas sur 
ce point qu'on dira, je m'assure, que le mieux 
puisse etre ennemi du bien. 

J'ai ^ vous annoncer une bonne nouvelle 
concemant Siloe et Siloe seulement. Grace a 
la g^n6rosit6 de ses directeurs, M. et M™^ Et. 
Imbert, les jardins et le pr6 de cet Asile vont 
s'arrondir d'une magnifique piece de terre de 
la contenance d'environ trois hectares. Cette 
acquisition supprime quelques servitudes, en 
particulier le droit de passage dans notre asile- 
Siloe sera done completement chez lui, de 
plus il n'y aura plus ^ continuer la location 
d'une petite metairie, car le nouveau terrain 
sera suffisant pour y employer nos pension- 
naires valides et dispos. Nous remercions 
M. et Mn*« Et. Imbert de ce nouveau temoi- 
.gnage de d^vouement donn6 k leur asile, mai& 



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46 LES ASILES JOHN BOST 

■de leur part, rien ne nous 6tonne et tout noiis 
rejouit. 



Je n'ai rien dit de nos asiles d'epileptiques 
d'Eben-Hezer et de Bethel, ni de nos gateux 
de la Misericorde et de la Compassion. Si ceux- 
ci impressionnent davantage nos visiteurs par 
leurs infirmites, ils ne sont pas, au fond, les 
plus k plaindre. Le gateux n'apas conscience 
de soi, c'est un etre inerte et passif. Unefois 
ses appetits materiels satisfaits, il est heureux, 
si on peut lui appliquer ce qualificatif. La vie 
^'ecoule pour lui sans trop de s6cousses, dans 
^a navrante monotonie, et la mort le saisit 
-sans qu'il en soit trouble. Ce qui fait la gran- 
deur de la creature humaine: Tame, la cons- 
vcience, la raison, le coeur, tout cela dort en 
lui, tout cela est comme firappe de paralysie. 
J>Jous souffrons pour lui, mais lui, en realite, 




LES ASILES JOHN BOST 47 

ne soufFre pas puisque la douleur morale, la 
seule vraie souflFrance, lui est ^pargn^e. Tout 
ce que Ton a de plus fort comme sympathie et 
compassion, il faut le rdserver k I'^pileptique. 
En dehors de ses crises, il est comme nous, il 
a conscience de lui-meme, il sait quel est son 
mal et que ce mal est incurable. Oh! la poi- 
gnante douleur de traverser ainsi la vie courbd 
sous une telle croix! Qui n'excuserait ses 
plaintes, ses g^missements, et parfois ses re* 
voltes? Quand il est en pleine jeunesse, alors 
que les autres de son aje ouvrent leurs pen- 
sees et leurs coeurs k tous les reves, a toutes 
les ambitions legitimes qui pourront se reali- 
ser, et pourquoi non? lui, I'^pileptique, il est 
de par son mal, sevre de tout; rien ne lui est 
permis; sa vie n'est pas une vie. Dans sa 
famille il faut le surveiller, Tisoler des autres^ 
quelquefois se garantir de lui... Dans nos 
asiles, s'il est plus au large, s^il a un peu plus 
de liberty, son existence n'en demeure pas 



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48 LES ASILES JOHN HOST 

moins monotone et austere. Pour lui, point 
d'horizons terrestres. Cette souffrance morale 
n'est-elle pas une torture? Oui aimons, ne crai- 
gnons pas de trop aimer Pepileptique ou de 
trop faire pour lui. Si quelque coeur etjait tente 
de se r^trecir ou de se refroidir, qu'il s'elar- 
gisse a nouveau et qu'il reprenne sa chaleur 
au foyer vivifiant de Tamour vrai qui est Jesus. 

C'est a ce foyer que puise sans cesse notre 
soeur, M^ie Jeanne Lapeyre, et apres 33 ans 
d'un labeur incessant elle se consacre toujours 
plus a son cher Eben-Hezer. M^i^ Laroche 
marche sur la meme voie et Ton ne peut 
qu'etre etonne et touche en voyant sa sollici* 
tude pour les gateuses de la Mis^ricorde. 

Nous passons, sans nous y arreter, au Repos 
et a la Retraite, non par indifference, mais 
parce que rien ne se detache assez en relief, 
<durant cette annee, pour que nous y fassions 
notre halte accoutumee. Que Tesprit du 
-Seigneur repose sur ces deux maisons, sur 



,^ 



LES ASILES JOHN BOST 49 

BOS cheres directrices et pensionnaires qui 
ont, elles aussi, leur lot de difficult^s et de 
souffrances. 

Nos Deuils. 

La mort a largement moissonne encore 
<ians les rangs de nos. bienfaiteurs. Nous ai- 
mons k rappeler leur memoire, non pour 
<iivulguer leurs charit6s, mais pour d^charger 
nos coeurs et envoyer k ceux qui les pleurent 
-avecnous, un t^moignage de notre sympathie. 
Voici les noms de nos amis disparus, mais 
non perdus, partis d'ici-bas, mais arrives 
1^-haut; 

Mme Evans, de Cannes, 

M. Apffel Jean Henri, chef de bataillon k 
Versailles, 

M. GoDEAU de Cozes, 

M. M. H. Insinger d' Amsterdam, 

M * * * de Neuchatel, 



y Google 



50 LES ASILES JOHN BOST 

M.Jules Calame-Mathey de la Chaux-de- 
Fonds, 
Mii« Helm id. 

Xante Emilie de Strasbourg, 
M. et M"ie BoYER-GuiLLON de Bergerac^ 
enlevds Tun et Tautre dans Tespace d'un mois, 
j^me Eug. Leris de Castres, 
M. Paul Castelnau de Montpellier, 
Mme Westphal-Castelnau mere id. 
M. Baudin de Cannes, 
M. GiROD Gustave de Paris, 
M^ie Lucie Peugeot de Belchamp, 
M. Theodore Audeoud de Gen6ve, 
M"^e Gabriel Faure de Bordeaux, 
M. Baptistin Couve id. 

Mme Henri CouvE, nee Pedezert id. 
M. le professeur P^dezert, M. Henri Gouve 
et M. Westphal-Castelnau, tons trois membres- 
du Conseil des asiles, ont et6 frappes dans, 
leurs affections les plus chSres, ainsi que 
jMme Paul Castelnau, presidente de notre. 



LES ASILES JOHN BOST 51 

50ci^t6 Adolphe de Montpellier. Lcs asiles 
auxquels ils se d6vouent se joigncnt k nous 
pour leur donner un timoignage special d'af- 
fectueuse sympathie. Nous avons h ajouter k 
ce n^crologe le nom de M^^e Anais Pechader- 
ouE. C'est la vie d'une chretienne humble et 
fidele qui vient de s'eteindre. Elle se resume 
en deux mots :/o/, charite, M^^® Anais Pecha- 
dergue et sa sceur n'ont cess^ d'aimer et de 
soutenir liberalement les asiles. Nous ne pou- 
yons s^parer Tune de Tautre les deu:^ soeurs de 
Bergerac malgre la separation de lamort. EUes 
etaient un coeur en deux coeurs, une ftme en 
deux ames; elles avaient les memes desirs, la 
meme activity douce et bienfaisante, le meme 
interet pour le bien de TEglise et des oeuvres 
d'evangelisation et de charity fondees au nom 
et selon Tesprit de J6sus-Christ. L'une est par- 
tie, Tautre estdemeuree mais Jesus, Thote divin 
auquel elles se sont consacrees est la, pres de 
la solitaire et nous demandons qu'il soit aupres 



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52 LES ASILES JOHN BOST 

de nos amis dans le deuil. Oui, presde tous 
ceux qui souffrent et pleurent en regardant k 
Lui. II est la « le Pere des Misericordes, le 
Dieu de toute consolation qui nous console 
dans toutes nos afflictions. » A travers nos 
larmes apparait la vision de Pesp^rance ferme 
qui ne confond point : « Puis je vis un nouvegu 

ciel et une nouvelle terre le tabernacle de 

Dieu avec les hommes: ils seront son peuple 
et Dieu lui-meme sera avec eux. II essuiera 
toute larme de leurs yeux et la mort ne sera 
plus et il n'y aura plus ni cri, ni douleur. » 
(Apocalypse XXI.) 

Enfin, nous avons a signaler la disparition^ 
non d'une personne, maisd'une soci^t6 quia 
fait beaucoup de bien et peu de bruit. J'ai 
nomm6 la Society du « Sou Protestant ». Avec 
son sou suffisamment multipli6, elle aurait fait 
vivre toutes nos societ6s religieuses et toutes 
nos oeuvres, si, nous le r6p6tons, I'id^e qui la 
crea avait dt6 prise a coeur par totrsles membresL 



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LES ASILES JOHN BOST 55 

de toutes lesEglises. Cette idee ^tait riche en 
eflfet autant que simple et a la portee de chacun. 
C'estpeut-etre rexplication de sa non reussite. 
C'est et ce sera toujours Thistoire de Naaman 
refusant d'abord, avec colere, de se plonger 
dans le Jourdain afin d'etre nettoye de salepre. 
€ Mon pere, lui dirent ses serviteurs, si le 
prophete t'eut demands quelque chose de dif- 
ficile, ne Taurais-tu pas fait ? » 

La soci6te du « Sou Protestant » demandait 
quelque chose detrop facile. Et si elle avait exi- 
g6 ie contraire? Peut-etre bien que le resultat eut 
6t6 identique. En tout cas, elle n'est plus et 
nous saluons sa disparition avec tristesse, lui 
gardant un souvenir pieux et reconnaissant car 
les Asiles ont eu leur part de ses liberalit^s 
jusqu'a son dernier jour. 



_r^r^rTlr> 



54 LES ASILES JOHN BOST 

RAPPORT MEDICAL 

Ann6cs 1891-1892 



L'ann^e qui vient de s'ecouler a pr^sent^ au 
point de vue mt^dical un certain nombre de 
particularites que je vais brievement exposer. 

Et d'^abord les Asiles qui, jusqu'^ ce jour, 
avaient ete preserves de toute epidemic 
regnante : fi^vre typhoide, influenza, rou- 
geole, ont paye cette ann^e un enorme tribut 
a rinfluenza. Cette affection qui nous avait a 
peu pres epargn^s il y a deux ans a s6vi sur 
tous les Asiles et cela au m^me moment. 

Nous avons eu, en effet, jusqu'a 150 malades 
alites lememe jour. Certains Asiles : la MlSCPl- 
€OPde, Bethel, la Famine, ont ete particuliere- 
ment atteints; atelpoint que nous avons du 
faire venir une infirmiere de Bordeaux pour 
soigner les malades de la Jlls^ricorde; que les 



I 



LES ASILES JOHN BOST 55 

pensionnaires valides de Silo6 ont du, pendant 
quelques jours, aller soigner leurs camarades 
de Bethel et de la Compassion et faire les gros 
ouvrages de ces deux Asiles, et que les dames 
du Bepos ont du aller soigner les enfants de la 
FamlUc et les malheureux pensionnaires de la 

Mis^ricorde. 

Du 15 Novembre au 15 Decembre 365 per- 
sonnes, pensionnaires ou employes, ont et6 
frapp6s. Je me hate de dire que la plupart des 
malades n'ont ete atteints quetres legerement. 
Sur une trentaine -de cas compliques d'aflfec- 
tions pulmonaires k formQ grave nous n'avons 
perdu que 12 .pensionnaires, les plus ag^s ou 
les plus faiblesdiEbca-Hfoep., de la Ms^rlcorde^ 
et de Silo6. • - 

Tous nos malades -ont ete traites au moyen 
du sulfate de .quinine ^pis- pendant trois ou 
quatre jours oonsicutifs ^ des doses variant 
suivant Tage du malade et le degr^ de gravite 
de la maladie, c'est-a-dire entre trente centi* 



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56 LES ASILES JOHN BOST 

grammes et un gramme par jour. Avec ce 
traitement nous avons presque toujours enrayfe 
la maladie et obtenu un prompt r^tablissement; 
les convalescences ont 6t6 ainsi ou nuUes ou 
r^duites au minimum desirable. 

Une seconde particularity k noter, c'est le 
nombre considerable de d^cfes — 38 — que 
nous avons eu a enregistrer cette ann6e et qui 
n'avait pas encore ete atteint dans les Asiles. 

Ces deces se repartissent de la maniere 
suivante : 

Eben-H^zer 9 

Silo6 8 

La Misericorde • . . . 7 

Bethesda , 5 

La Compassion . , • • 3 
Le Repos. ..•••• 3 

Bethel I 

La Retraite i 

Total. ... 38 
9 pensionnaires deced6s avaient d6pass6 



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LES ASILES JOHN BOST 57 

ragede6o ans, 3 celui de.8o ans. La doyenne 
du RepoS, dont je louais il y a quelques ann^es 
la vigueur de Tesprit et du corps^ s'est tout 
doucement ^teinte, a Tage de 89 ans, sans 
maladie et sans souffrances. Une des premieres 
pensionnaires d'Eben-HezCP, la premiere sur 
les registres de cet Asile, mais la seconde epi- 
leptique re9ue par John Bost, Catherine D... 
avait fait dans cet asile un sejour de 29 ans. 
Une pensionnaire du BepOS, M™« C... , ageede 
83 ans, est morte Olize jours apres son arrivee 
aLaforce; elle s'est mise au lit en descendant 
de voiture et ne s'estplus relevee. Et a ce pro- 
pos que nos amis nous permettent de leur 
donner un conseil : ne nous envoyez jamais de 
vieillards, surtout en hiver, car cette saison 
est fatale aux personnes d'un age avance et on 
ne transplante pas impunement un vieillard de 
son chez soi, quelque miserable qu'ilsoit, dans 
un Asile, quelque bien tenu qu'il soit et quel 
que soit le changement en bien que doive 



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58 LES ASILES JOHN BOST 

6prouver le nouveau pensionnaire. Nous en 
avons fait assez souvent rexp6rience. 

Gomme je le disais tout k Theure le nombre 
des d^ces est tres considerable cette annee-ci, 
mais il trouveson explication et sa justification 
dans le court tableau suivant qui donne un 
resume des causes de la mort. 

La Tuberculose a caus6 5 decfes, 

L'Influenza ou ses complications 12 d6cfes, 
Les Maladies organiques avec 
affaiblissement progressif et fatal 1 7 d6c^s, 
Les crises d'epilepsie ont amene 4 d6c6s 
cubits chez des pensionnaires en parfaite sante 
<iuelques minutes avant leur mort. 

J'ajouterais que 14 pensionnaires d6c6d6s 
ji'avaient fait qu'un court sdjour allant d'une 
-semaine a deux ans, ce qui prouve qu'ils sont 
arrives k Laforce dans un 6tat des plus pr6- 
x:aires. 

La mortality, abstraction ' faite des dScfes 
produits par les complications de I'influenza, 




LES ASILES JOHN BOST 59 

n'a done pas augmente dans les Asiles. Nous 
n'avons eu qu'une serie de maladies organiques. 
plus longue que les autres ann6es. 

Pour contrebalancer cette longue serie de 
delivrances, j'aurais bien voulu pouvoir 
mentionner quelques cas deguerison ou d'ame- 
lioration notable chez nos infirmes ou ceux qua 
Ton est convenu d'appeler incurables : malheu- 
reusement je ne puis le faire. La douleur et la 
souffrance regnent en maitres aux Asiles John. 
Bost et il n'appartient qu'au Souverain Maitre 
d'apaiser ces douleurs ou de calmer ces souf- 
frances. Que Sa volontS soit faite ! 

Nous avons du faire interner dans des Asiles 
d'ali^n^s 2 pensionnaires que nous ne pouvions- 
plus garder et dont le maintien dans nos Asiles 
aurait 6t^ une source de troubles et de dan- 
gers permanents ; nous avons du aussi renvoyer 
dans leur famille plusieurs pensionnaires dont 
la conduite laissait trop a desirer. 

Un mot en terminant sur nos ateliers de 



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6o LES ASILES JOHN BOST 

SII06 et de Bethel pour la confection des sacs 
en papier. Gr^ce aux importantes commandes 
de la Cie du Chemin de fer d'Orl^ans et de quel- 
ques n^gociants de Ste-Foy et de Bergerac 
nous pouvons occuper dans ces ateliers, pen- 
dant toute Fannee, une vingtaine de pension- 
naires de SUoe et une dizaine de B6th6l, 
incapables de tout autre travail et qui vivaient 
autrefois dans Toisi-vete et la paresse la plus 
absolue. La direction de ces deux Asiles et les 
pensionnaires eux-memes apprecient grande- 
ment les avantages de ces deux ateliers et les 
resultats moraux obtenus qui deviennent de 
jour en jour plus palpables et plus apparents. 
Nous n'avons encore pu rien trouver pour 
occuper nos plus faibles d'esprit incapables de 
travaillerle papier. Nous sollicitons le concours 
des nombreux amis des Asiles pour nous four- 
nir une solution pratique au probl^me que 
nous venons de poser. 

Le Mthiccin des Asiles John Bost, 
D^ E, ROLLAND. 



vGoc 



r^""? 



Digitiz ed by LjO.^^'^_ 











»T^*jJ 




SURVENUS DANS 

D6c5s:38. Le Tableau suivai 


LES ASILES ] 




it renfermei 

— ^ 


Nos 


NOMS 


AGES 


ASILES 


DATE 


1 








DE l'eNTREE 


Li. Alire. 


21 


Bethesda 


6 decembre 1882 


2 


Boi. Louis. 


5i 


Siloe 


23 mars 4889. 


3 


Fi. Pierre. 


83 


La Compassion 


mai 4891 


4 


Ch. Louise. 


49 


La Mis6ricorde 


8avril4890. ' 


5 


Cli. Louis. 


23 


La Compassion 


41 decembre 187T 


C 


Sch. Alfre.L 


48 


Beihel 


44 Janvier 4890. 


7 


Cli. Eu^'eue. 


47 


id. 


40 mars 4891. 


8 


Sei. Louise. 


35 


Eben-Hezer 


1 avril 1875. 


9 


1). Hairiet. 


70 


La Retraite 


4iuilleH883. 
25juillotl89t. 


40 


Sub. Fraugois. 


59 


Siloe 


U 


D. (M" ). 


61 


Le Repos 


14 aout 4888. 


4-2 


Pe. Anna. 


47 


Eben-Hezer 


20 fevrier 1887. 


43 


La. Marie. 


21 


Bethesda 


6 decembre 188! 


44 


Ini. Marie. 


37 


id. 


5 mars 4885. * 


45 


Mat. Pierre. 


85 


Siloe 


21 mai 1886. 


46 


Ch. Lvdie. 


61) 


La Misericorde 


43 noverabrel88S 


47 


F. Cecile. 


45 


id. 


44 aout 1887. 


48 


Vi. Aipiionse. 


29 


Siloe 


12 aout 4875. 


49 


Ye. Marie. 


31 


Eben-Hezer 


43 novembre 1878 


2) 


Ch. Paule. 


60 


Bethesda 


45novembrel89aij 


21 


Co. Julie. 


27 


id. 


20 aout 1890. 


22 


Ls. Louise. 


53 


Eben-H^zer 


7 mai 1869. 


23 


CL Jeanne. 


46 


La Misericorde 


47 mars 1886. 


24 


La. Antoine. 


56 


Siloe 


20juin 1888. 


25 


Br. Suzanne. 


55 


Eben-Hezer 


18 aout 1881. 


26 


Gen. Irnia. 


47 


id. 


3 novembre 1891 


27 


Dcni Catherine. 


55 


id. 


6 mai 1862. > 


28 


Ber. Marie. 


50 


La Misericorde 


49 luillet 1890. 


29 


Fr. (M-). 


89 


Le Repos 


21 juiu 1885. 


30 


C. (M-). 


83 


id 


6 Janvier 1891 


31 


Rej^.Jean. 


54 


Siloe 


16 fevrier 188a. " 


32 


Mou. Pierre. 


62 


id. 


26 novembre 1890 


33 


Co. Marie. 


43 


Eben-Hezer 


12juiUetl879. 


34 


Hum.Aup:uste. 


44 


Siloe 


3 mai 1888. 


35 


Am. (labrielle. 


26 


Eben-Hezer 


6 Janvier 1880. 


36 


PeL Eugenie. 


52 


La Misericorde 


21 juillet 1890. 


37 


Ro. Victor. 


22 


La Compassion 


10 mars 188 1. ! 


38 


Ri. Marie. 


47 

1 


La Misericorde 

Digitized by VjO( 


12 mars 1890. 



MAI 1891 AU 30 AVRIL 1892. 



dpmes inaicaiions relatives aiix deeds. 



Annees I 
do sejourj 



MALADIES 



mai 


4891 


8 


id. 


id. 


2 


juin 


id. 


1 mo.s 


id. 


id 


1 


jaillet 


id. 


14 


id. 


id. 


1 1/2 


Id. 


id. 


4 mo is 


aout 


id. 


16 


tepterab 


id. 


8 


aout 


Id. 


1 mois 


Bctobre 


id. 


3 


lovemb. 


id. 


3 1/2 


p id. 


id. 


3 


id. 


id. 


5 1/2 


id. 


id. 


4 1/2 


. id. 


id. 


2 


id. 


id. 


4 


id. 


id. 


15 


id. 


id. 


13 


^tr- 


id. 
id. 


1 

2 1/2 


id. 


id 


2] 


id. 


id. 


4 1/2 


id. 


iri 


3 1/2 


Id. 


id 


10 


L Id. 


id 


2 mois 


^ id. 


id 


29 


]d. 


id. 


1 1/2 


dL 


id. 


8 1/2 


Jfivier 


1892 


11 jours 


d. 


id. 


}^ 


(Trier 


id. 


U mois 


lars 


id. 


13 


M. 


id. 


4 




id. 
id. 
id. 


12 

2 
11 




id. 


2 



CAUSES DU DliCeS 



Hydroceplialie. 

Fuiblesse d'esnrit. 

Demelice senile. 

Idiotic. 

Idiotie — Pieds bots. 

Epilepsie. 

id! 
Riuimatisme iioueux. 
I)eiuciice senile. 
Fuiblesse generalc. 
Epilepsie. 
Mai de Pott. 
Fuiblesse generale. 

id. 
Rliumatisme noueux. 
ld:otie. 

Faiblesse d'esprit. 
idiotie— Epilepsie. 
Faiblesse desprit. 
Mai de Pott. 
Idiotie -Epilepsie. 
Epilepsie. 
Faiblesse d'esprit. 
Epilepsie— Idiotie. 
Idiotie— Faiblesse extreme 
Epilepsie. 
Epilepsie— Idiotie. 
Faiblesse generale. 

id. 
Faiblesse d'esprit. 
Ramollissement cerebral. 
Faiblesse d'esprit. 

id. 
Epilepsie. 
Faiblesse generale. 
Er)ilepsie. 
idiotie. 



AiTaiblissem. progressif 

id. 

id. 

id. 

Tuberculose pulmon. 

Mort subite. 

id. 

AiTaiblissem. progressif 

id. 

id. 

id. 

Tuberculose pulmon. 

influenza. 

AiTaiblissem. progressif 
Influenza, 
id. 
id. 
Tuberculose pulmon. 
Influenza. 

id. 

Afl'aiblissem. progressif 

Influenza. 

id. 

id. 

id. 

Afl'aiblissem. progressif 

Influenza. 

id. 
Afl'aiblissem. progressif 

id. 
Tuberculose generalis. 
Afl'aiblissem. progressif 

id. 
Tuberculose generalis. 
Morte en crise. 
AiTaiblissem. progressif 
Etat du mal. 
AiTaiblissem. progressif 



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LES ASILES JOHN BOST 6$ 

DONS ANONYMES 

du 1 Mai 1891 — au 30 Avril 1892 



H. P . 500 > 

M. & M"i« E. M 100 > 

Pour les Asiles lo > 

Pour le cadeau de Noel de Bethesda. 4 75 
J. B. pour les Asiles de Laforce . . • 100 » 
Un petit grain de sable pour la cons- 
truction, (une amie deToeuvre) ... 50 » 

Pour les plus malheureux 5 > 

De la part d'une mere qui a son fils 

aux Asiles 50 * 

Nous recevons en plus gratis 10 N^s du 
journal V <ti Appel * . 

Les livres d^ja lus, s^rieux et int^ressants^ 
seraient les trfes bienvenus. 



RELEV]^ 



DES RECETT 

du ler Mai 1£ 



REGETTES 



5,614 


71 


77,190 


88 


49,843 


60 


40,023 


15 


43,738 


05 


27,841 


13 


844 


35 


246,596 


41 



Actif au 30 avril 1891 

Pensions 

Dons •• 

Produit dos jours 

Gollectos et Vontes 

Rentes et Revcniis divers 

Sociele dn Sou Protestant 

Total des Recettes. . 



Le TrJsorier Comptabk, 
A. Lafarellb 

Apres verification, nous avons trouve la situation 
con forme aux livres. 

Les rnembres du Conseil d' Administration, 
H. CouvE. 
G. Boy. 

J. GUEX. 



Compte Special du nouveau Bdthesda 

Souscriptions speciales recueil. en 1889-90 38,515 75 

d« d° d*> 1890-91 62,248 40 

d« do d« 1891-92 52 ,543 60 

Total des Recettes ; . . 153,307 75 

Deficit 2,269_75 

Somme egale aux Dopcnses 155,577~50 



vGov 




DES DEFENSES 

30 Avril 1892 



UEPENSKS 

Nourriture 

V^tements 

Lingerie et Mci-oerie 

Bianchissa^^e 

Eclairago et combustible 

Meu))ies ct ustensiles ,...,.. 

Service do saute 

Bureau ct corrcspondance 

Rapports el Impi-irnes 

Bibliotheiiue, abonn. classes 

Voyages 

Chevaux et voituros 

Impots et assurances 

Reparations iinmcubles 

Remuneration du personnel 

Frais de reception 

Ateliers 

Depenscs diverses 

Total des dispenses ordinaires. . 
Depentei extraordinaires. 

Sommc avancec pour droits de mutation. 
Legs Gaillaume 

Excedent au 30 avril 189-2 

Somme e^alo aux Receties 



Compte Special du nouveau Bttthesda 
fG anx entrepreneurs en 1890-91.. 

d- ib9i-y2,. 



Total des depentes. 



112,034 


45 


15,324 


10 


4,089 


50 


3,161 


60 


8,88a 


85 


t),509 


20 


6,552 


45 


9t>G 


65 


1,025 


70 


715 


45 


2,417 


35 


ti,10l 


40 


3,527 


85 


12,344 


05 


37.435 


10 


2,000 


t) 


1<>2 


16 


5,010 


76 


'224,951 


62 


20o:o 


» 


1,G41 


85 


216,59(1 


47 




da 

53,7-23 


n 


10U854 


no 


155,577 


60 



( ■■M ^ TB *^ 



y Google I 



r 



68 LES ASILES JOHN BOST 

SITUATION FINANCIERE 



§ I . Chapitre des regettes et des defenses 

ORDIN AIRES. 

RECETTES : 246.596 fr. 47 c. 

Les recettes ont flechi, par rapport au 
precedent" exercice, sur les jours, les coUec- 
tes, les ventes et revenus divers de 7.374 fr. 19. 
Par contre, elles ont augmente sur les pen- 
sions et les dons de 21.719 fr. 03. En fait 
il y a done, sur le present exercice, une 
augn;ientation de 14.344 fr. 84. 

DEFENSES : Au 30 avril dernier, les asiles 
renfermaient 504 pensionnaires. En prenant 
ce chiffre pour base de nos d6penses ordi- 
naires, qui s'elevent a 224.954 fr- 62, nous 
trouvons que la depense annuelle revient, 
pour chaque pensionnaire, a 446 fr. 34 et la 
depense journaliere a i fr. 22. C'est le meme 
prix que Tan dernier. Nous rappelons que 
dans ce chiffre minime de I fr. 22 sont com- 



yGo^gl^i^^^^ 



LES ASILES JOHN BOST 69 

prises toutes les d^penses : nourriture, v&te- 
xnents (sauf pour le Repos et la Retraite ou 
nos pensionnaires doivent pourvoir au renouT 
vellement et a Tentretien de leur garde-robe), 
lingerie, blanchissage, eclairage, chauffage, 
service medical, salaires de tout le personnel 
et des employes, etc. etc. Cette depense de 
I fr. 22, repartie sur autant d'articles, temoi- 
gne, je pense, en faveur de I'ordre et de 
Teconomie que nous apportons dans la ges- 
tion des sommes precieuses que nous four- 
nit la charity. 



§ 2 . Chapitre des recettes et des defenses 
extraordin aires. 

Ceci concerne presque exclusivement le 

nouveau Bethesda. 

Au 30 avril dernier, nous avions re9u : 

153-307 fr. 75 et depense: 

155-577 fr. 50 d'ou un deficit de : 

2.269 fr* 75> comble par les dons 

lue nous avons re^iis a ce jour. ^ . , 



Digitized by VjOOQ IC 



70 LES ASILES JOHN BOST 

Cependant, si la maison nouvelle est ache* 
v6e, elle n'est pas entiferement payee et 
nous sommes en face d'un d^couvert mini- 
mum de 50.000 frs. Nous avons le ferme 
espoir que le Seigneur nous enverra, au 
temps voulu, ce qui nous manque. 



CONCLUSION 



Notre encaisse pour les depenses ordi- 
naires est de 1.641 fr. 85. C'est avec cette 
somme que nous nous sommes remis en 
marche pour fournir une nouvelle etape. Vous 
vous en souviendrez, chers bienfaiteurs. Vous 
imiterez cette femme de chambre qui, a 
Tissue d'une conference donnee au Temple 
du St-Esprit, remit a M. le Pasteur Soulier 
la somme de cent francs, regrettant, ecrivait* 
elle, de donner si peu. 



vGoc 



LES ASILES JOHN BOST 7 1 

« II y a un malheur dans notre temps, je 
dirai p res que : il n'y a qu'un malheur; c'est 
une tendance a tout mettre dans cette vie. 
En donnant k Thomme, pour fin et pour but, 
la vie terrestre et materielle, on aggrave 
toutes les mis^res par la negation qui est 
au bout ; on ajoute a I'accablement du malheur,. 
le poids insupportable du neant; et, de ce 
qui n'^tait que la souffrance, c'est-a-dire la 
loi de Dieu, on fait le desespoir, c'est-a-dire 
la loi de Tenfer. De la de profondes con* 
vulsions sociales. 

« Certes, je suis de ceux qui veulent, je 
ne dis pas avec sinc^rite, le mot est trop 
faible, je veux avec une inexprimable ardeur^ 
par tous les moyens possibles, ameliorer dans 
cette vie le sort de ceux qui souifrent, mais 
la premiere des ameliorations, c'est de leur 
donner Tesp^rance. 

« Combien s'amoindrissent nos douleurs^ 
privies quand il s'y mele une esp<§ranca 



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infinie ! Notre devoir k tous, qui que nous 
soyons, les l^gislateurs comme les eveques', 
les pretres comme les ^crivains, c'est de de- 
penser, c*est de prodiguer sous toutes les 
formes, toute I'energie sociale pour combattre 
et detruire la misere et, en meme temps, de 
faire lever toutes les tetes vers le ciel, de 
diriger toutes les ames, de tourner toutes les 
attentes vers une vie ult^rieure, ou justice 
sera faite et ou justice sera rendue. 

« Disons-le bien haut, personne n'aura 
injustement souifert, ni souffert inutilement. 
La mort est une restitution. 

« La loi du monde materiel, c'est Tequi- 
libre, la loi du monde moral, c'est I'equite. 
Dieu se retrouve a la fin de tout.^... 

« Aimez et souffrez. Esp^rez et contem- 
plez. Malheur, helas ! a qui n'aura aime que 
des corps, des formes, des apparences. La 
mort lui otera tout. Tachez d'aimer des ames, 
vous les retrouverez. > 



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LES ASILES JOHN BOST 73 



Quel est ce pr^dicateur? Victor Hugo. 
- « Tandis que par nature, nous sommes 
toujours portes a regarder plus haut que nous, 
vers tout ce qui attire et ce qui flatte notre 
ambition et notre orgueil, Jesus-Christ veut 
sans cesse ramener notre pensee vers ceux 
qui sont au-dessous de nous. II n'a pas parle 
des rois de la terre. De tous ceux dont le 
nom remplissait alors le monde, Jesus-Christ 
n'a rien dit, et quel enseignement dans ce 
silence ! Mais il a parle sans cesse de ceux 
auxquels personne n'avait fait attention jus- 
que-la. C'est sur eux qu'il veut porter I'interet 
et I'amour de ses disciples. Au dernier jour, 
il reconnaitra pour siens, il accueillera dans 
la gloire ceux qui les auront visites et secourus ; 
lui-meme, il se met a leur place, il seconstitue 
en quelque sorte leur representant dans tous 
les ages. En les assistant, c'estlui qu'on assiste 
et qu'on aime. et. nour mieux enseigner a 
K ses disciples comment us auivent servir leur^ 



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74 LES ASILES JOHN BOST 

freres, sur le point de les quitter, il se ceint 
d'un linge, il s'agenouille devant eux, illeur 
lave les pieds, prenant ainsi I'attitude et les^ 
fonctions du dernier das esclaves et ajoutant: 
< Ce que j'ai fait, vous le ferez aussi. > 

« Partout cette idee reparait dans son 
enseignement. Elle me frappe surtout dans 
une de ses paraboles les plus familieres qui 
est aussi Tune de celles qu'on medite le 
moins parce qu'on en redoute, semble-t-il, le 
sens si clair et qui condamne si profond^* 
ment notre ^goisme. « Pour toi, quand tu don- 
neras un festin, n'invite pas tes parents ni 
tes egaux, de peur qu'ils ne te le rendent, — 
(combien y en a-t-il qui connaissent cette 
peur la?) — mais invite ceux qui ne peuvent 
pas t'inviter a leur tour. » (Luc xiv, 12-14)- 
Admirable image de la maniere dont la 
religion pratiquee dans I'esprit du Maitre 
devait agir pour transformer la society ! Sup*^ 
posons en effet cet esprit compris et p6n6* 



LES ASILES JOHN BOST 7$. 

trant le monde, que verrions-nous ? Toute 
sup^riorite haturelle ou acquise, richesse, 
puissance, science, talent, g^nie, investirait 
rhomme d'un ministere envers ceux qui 
sont plus bas que lui. Ces forces, dont le 
peche a si souvent fait les instruments du des- 
potisme et de Torgueil, deviendraient les ins- 
truments du rel6vement spirituel et de 
I'affranchissement graduel de tons. Ceux qui 
sont en haut aideraient ceux qui sont plus 
bas a monter vers la lumiere et la vraie 
liberty morale. Au lieu de quelques aumones 
h^tivement jetees dans le gouffre de la misere 
humaine, aulieu de quelques ceuvres accom* 
plies par acquit de conscience et dont on se 
lasse vite, ce serait une preoccupation cons- 
tante qui tournerait les cceurs vers la misfere 
et la souffrance, aussi surement, aussi natu-^ 
rellement que I'electricite dirige I'aiguille 
aimantee vers Tetoile du nord. » 
Qui a prononce ces fortes paroles ? 



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L'^minent et toujours regrett^ pasteur. 
Eugene Bersier. 

• Qui les mettra en pratique ? Par la grace 
de Dieu auquel nous recommandons nos 
asiles de la souffrance, chacun de vous qui 
^coutez ou qui lirez. 

Votre bien affectionn^, 
E. Rayroux. 

(Lu et approuY6 en Conseil d'Adminislralion dans sa 
seanrc du 21 Juin 1892.) 



AVIS IMPORTANT 

En vente au prix de 7 francs (port en sus) 
un magnifique album de O"*, 28 sur 0^^,20 
renfermant 12 vues photographiques des 
Asiles. 

S'adresser a M. Lafarelle, tr^sorier comp- 
table, k Laforce (Dordogne). 



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LES DONS ET SOCSCRIPTIONS SERONT RECU8 

FRANCE 

A Z/o/brcc (Dordogne), par M. le pasteur E.Rayroux, 

directeur gdndral des Asiles. 
A Paris, par MM. Mallet freres et C'% banquiers, 

37, rue d'Anjou-Saint-Honore. 

PAR LES « S0CIETE3 ADOLPHE » CI-APRKS : 

A Alais, par M"** Arbousset, rue Fabrerie. 

A Bordeaux, chezM'^'' Marie How, 63, rue de la Course. 

A Oanges, chez MM. les paste urs. 

A La Eochelle, chez M. le pasteur Good. 

A Lyon, chez M™^ Oberkampf-Fitler, 20, avenue de 
Noaillos. 

A Montauhan, chez M. le professeur Jean Monod. 

A Marseille, chez M™^ Mouline, 15, rue Grignan, ei 
M*^*' G. Jauge, 43 boulevard Notre - Dame. 

A Mazamet, chez M^^Rouviere-HoulPis, et J. Bonne- 
ville. 

A Montpellier, chez M"** Paul Castelnau, 34, rue 
Saint-Guilhem. 

A -^ri?nc5, chez M. le pasteur Babut, rue Clerisseau,20. 

A Pan, chez M*^' L. Gadier, M"^ G. Malan et M'^'' J. 
Meillon. 

A Salies-de-Bearn, chez M"" Bost. 

A Orthez, chez M. le Pasteur Roth. 



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PAR LES BIENFAITEURS DONT LES NOMS SUIVENT I 

A Annonay, chez M"' Jknny Giscard (SocWtd de 

BieDfaisaace). 
A Cannes, chez MM. les Pasteurs. 
A Castres, chez M"*" Bouffe. 
Au Havre, chez M. Julien Monod, 19 rue Mare. 
A Menton, chez M. le pasteur Delapiehrk. 
A Millauy chez M""" db Garbon-Ferriere, et Merle. 
A Nice, chez M. le pasteur Malan, 50, rue Gioffredo. 
A Rocheforty chez M. le pasteur Laroche (Comitd d$ 

Bienfaisance.) 
A Saint' Jean-du-Gard, chez MM. les pasteurs Meina- 

dier et Saltet. 
A Saint'IIippolyte-du-Fort, chez M. le p'' Bertraxd. 
Au Vigan, chez M. le pasteur Pacl Bianquis. 
A Saint- Affrique, chez M"^ Eugexie Verxiere, 
A Angouleme, chez M. le pasteur MoxBRrjx. 
A Orenoble, chez M. le pasteur Bard, et M"® Lewis. 

A LS ace 

A Mulhouse, chez M'"^ E. Sghlumberger, prdsidente 
de la Societe Adolphe, 2, rue Lamarline, 
M""" Jean Vaucher, 4, rue Sainte-Gatherino et 
M. le pasteur Mathieu. 

A Strasbourg, chez M'^" M. Rauscii, 4, rue de la 
Gigogne. 



y VjOCT^" 



79 LES ASILES JOHN BOST 



SUI S SK 

A (?e»eve, chez M. le professeur Bouvikr-Moxod, 

!)rdsident de la Soci^te Adolphe, 
il*"* E. de Bl'de vice-prdsidente. 
M"' Caroline Gaussrn, 8, rue Eyanrd. 
et M''* BuxGKXKR, chemia Sautter, 18. 
A Lausanne, cIiozM.Bridel, M"* E. de Molin, Belles- 
Roches et IP^* Louise Me ystre, 6,rue des Terreaux. 

A Neuchatel, chez M. E. de Pury de ]\rARVAL, et M** 

Clerc-Droz, Faubourg du Cret, 3. 
Au Lode, chez M"" Saxdoz-Nardix et M"' Faure. 
A Sonvillier (ctinlon de Berne,) chez M. G. Ghopard ftls. 
A Vevei/, chez M™"' Burnier-Ausset et Du Pasquier- 

Moxxerat. 

GRANDE-BRET A GNE 

A Tunbridge- Wells, chez Miss Davidson, de Jordan 

House. 
A Blackheath, chez Miss Fexn. 
A Edimhourg, chez Miss Mackenzie, 16, Moray place. 
A Glasgow, choz Timotiiee Bost, Esq^% 34, Lynodoch 

Street. 
A Liverpool, chez W. Crosfield Esq", Annesly 

Aigburth. 
A Londres, chez MM. Barhlay-TIansom et G'% 1, Pall 

MM East, et chez MM. James Nisbet et G'% 21 

Bcrners Street. 



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B IC L G I Q U E 

A Bruxelles, chez M. Isebaert, ancien officier d'Etat-' 
Major, 50, rue du Mont-Blanc, S* Gilles. 

MM. Ics I.ibraires protcslants et MM. les R6Jacteurs 
dc journaiix rcligieux, en France et a TEtranger, conti- 
niieront, commc par Ic passe, a rccevoir les dons qa''on 
voudra bieu nous faire parvenirpar leur intermeiiaire. 



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TABLE DES MATIERES 



Pages 

Compte-rendu de la fete par J. L 7 

Discours de M. Timoth6e Bost 14 

Rapport du Directeur G6n6raL ...... 23 

Rapport Medical 54 

Suite et fin du Rapport du Directeur 

G6n6ral 68 



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